Une Camerounaise lutte contre la cécité des rivières

Elle a mené des recherches sur la prévention de l’onchocercose, une maladie tropicale transmise aux humains par de petits moucherons qui se reproduisent dans les rivières.

À 26 ans, la Camerounaise Elisabeth Amelie Gladys Ngono a réussi à se propulser parmi les 30 chercheuses africaines lauréates de la 15e édition du Prix Jeunes Talents Afrique subsaharienne pour les femmes et la science, organisée par la Fondation L’Oréal et l’Unesco, en décembre dernier, à Cotonou, au Bénin. Doctorante en sciences biologiques, la jeune femme a été distinguée pour ses travaux de recherche sur la prévention de l’onchocercose, une maladie parasitaire, communément appelée « la cécité des rivières ».

Causée par un ver, cette maladie est transmise aux humains par de petits moucherons noirs appelés « simulies » qui se reproduisent dans les rivières et les cours d’eau. Présente principalement dans les zones tropicales, notamment dans les pays de l’Afrique subsaharienne, l’onchocercose entraîne de très fortes démangeaisons, des lésions cutanées défigurantes et une déficience visuelle pouvant aller jusqu’à la cécité. Elle est aussi régulièrement associée à un retard de croissance et de développement cognitif, ou encore à des crises d’épilepsie.

Les travaux d’Elisabeth consistent à étudier les interactions entre le parasite responsable de l’onchocercose, son vecteur et les bactéries indigènes de la simulie vectrice. « L’objectif de ma recherche est de comprendre le rôle de ces bactéries indigènes dans la modulation de la compétence vectorielle des simulies, c’est-à-dire leur capacité à transmettre le parasite, et comment exploiter ce mécanisme pour développer une approche de lutte contre le vecteur en ciblant ces bactéries qui sont présentes dans l’intestin de ces dernières », explique la Camerounaise dans un entretien accordé à la dpa.

Selon la chercheuse, ses travaux ont pour objectif de contribuer au développement d’une stratégie de lutte durable contre la cécité des rivières, réduisant non seulement son impact sur la santé des populations touchées, mais aussi sur leurs revenus. En effet, certaines populations vivant dans des zones reculées situées près des terres fertiles bordant des rivières, ont l’agriculture comme seule source de revenu.

Interrogée sur les motivations qui l’ont poussé à embrasser une carrière scientifique, Elisabeth révèle que cela remonte à une expérience personnelle vécue durant son enfance. « Lorsque j’étais enfant, mon oncle a été atteint de la filariose lymphatique, une maladie se manifestant par des lymphœdèmes (pieds extrêmement gonflés). Quelques années plus tard, à l’université, des cas similaires à celui de mon défunt oncle ont été évoqués lors des enseignements sur les maladies tropicales. Animée par le désir d’étudier davantage ces maladies afin d’être en mesure de les éradiquer, je me suis lancée dans ce créneau », raconte-t-elle.

Exerçant aujourd’hui en tant qu’assistante de recherche à l’Unité de Recherche Parasitologie Moléculaire et Épidémiologie Génétique, relevant de l’Institut Supérieur de Recherche Scientifique et Médicale (ISM) de Yaoundé au Cameroun, Elisabeth affirme que son projet de recherche progresse de manière « prometteuse ». « Ma priorité actuellement est de finaliser mes travaux de recherche et de soutenir ma thèse de doctorat. Par la suite, j’aspire à effectuer un stage et à devenir enseignante-chercheuse afin de transmettre les connaissances que j’ai acquises, poursuivre mes recherches et continuer à approfondir mes compétences », conclut la Camerounaise.

© dpa Deutsche Presse-Agentur